Psychologue clinicienne, psychanaliste, membre des Forums du champ lacanien, membre du Centre de recherche, médecine, sciences, santé, santé mentale, sociéte
De Dieu nous pourrions attendre sagesse et distance, dépassement des passions humaines, éloignement qui ferait de Lui un grand Autre idéal et idéalisé. Mais il en est tout autrement. Dieu est parfois en colère. Il tonne, menace, gronde. Il donne de la voix. Il est affecté. Mais comment être affecté sans disposer d’un corps ? La colère de Dieu pose la difficile question de la corporéité d’un Dieu sans corps.
Comment éclairer, psychanalytiquement parlant, ces paradoxes ?
Lacan souligne à trois moments dans son enseignement que la colère c’est « quand les petites chevilles ne rentrent pas dans les petits trous. »[1] Je saisis cette image lacanienne, empruntée à Charles Péguy, comme mettant en valeur un défaut de nouage entre réel et symbolique. Ça ne s’emboite pas, ou ça ne s’emboite plus.
Nous verrons comment la colère de Dieu témoigne de ce défaut d’assemblage tout en créant, par l’affect, par la voix en colère, un lien entre réel et symbolique, une nouvelle jointure entre les deux registres.