Emmanuel Konstantopoulos

Psychologue clinicien, psychanalyste,
docteur en anthropologie psychanalytique de l’université Paris 7 Denis Diderot
membre du CIAP rattaché à Espace Analytique
Venu d’Athènes où l’Acropole lui rappelle chaque jour le voyage historique qu’y fit Freud, nourri des racines mythologiques grecques de la psychanalyse.


 Se consumer d'amour : le silence amoureux du manque

Il y a, selon l'apport freudien, une grande difficulté, une grande perplexité pour le sujet obsessionnel à accepter l'idée qu'il lui faudrait renoncer à une jouissance primaire, à l'amour porté à un objet primordial, amour de la mère, amour interdit, amour impossible. A toute idée originale, produite par son "moteur associatif", il doit substituer une idée obsessive qui porte le manque de cet amour impossible, de ce manque primordial. C'est-à-dire qu'à l'originalité de sa pensée, parfois assez frappante, s’oppose un blocage caractéristique. Blocage qui montre que ses idées originales jouent toujours entre l'inédit et l'interdit. Inédit de penser, interdit d'amour. C'est là où le sujet obsessionnel inscrit son rapport avec le père et la mère. Aimer la mère renvoie à penser le père. Ainsi, "se consumer d'amour", pour le sujet obsessionnel, devient une "affaire personnelle" angoissante où il passe sans cesse, comme le dit Lacan, de la place de "l'aimé" (ερωμένος) à la place de l'interrogé (ερωτώμενος). Aimé par la mère, interrogé par le père. Mais, Lacan nous dit que c'est dans le passage même d'une place à l'autre que jaillit la fonction du manque. Le sujet est obsédé par un fantasme qui crie l'amour interdit et le laisse silencieux, la "gorge en feu". Maître et amoureux d'un manque-maitresse. Notre questionnement portera aussi sur l'effet monothéiste du désir obsessionnel qui, comme s'il voulait résoudre la question du polythéisme en son effet inconscient, impose au désir du père, la question de l'amour de la mère.

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